Un contre discours au  monde «libre», une voix et un espoir dans la lutte contre les frontières.

«Je veux que le monde entende ma voix, écoute mes paroles»

Parwana Amiri, âgée de dix huit ans, arrive sur l’île grecque de Lesbos avec sa famille en 2019. Après avoir fui des années de guerre en Afghanistan, après un transit via l’Iran et la Turquie, dans l’espoir de trouver un refuge sûr, et après avoir traversé de nombreuses frontières, iElles se retouvent confrontéEs aux frontières de la forteresse Europe. Contraints de vivre dès leur arrivée à Lesbos, dans le camp tristement célèbre de réfugiéEs de Moria (qui a brûlé le 9 septembre 2020), puis celui de Ritsona jusqu’en avril 2022, Parwana Amiri a lancé un journal, où elle interroge et relate les expériences et les vies des personnes qui l’entourent. Elle est scandalisée par les conditions de vie insupportables et dégradantes pour des personnes vulnérables, elle veut faire connaître les histoires que ces personnes on vécues, et elle les soutien avec ses talents d’auteure.

Elle publie en janvier 2022 « Vies suspendues : Lettres adressées au monde depuis le camp de Ritsona« . Les lettres de cette jeune femme militante sont bien plus qu’un témoignage, elle montre, elle comprend et elle explique mieux que personne d’autre ce désespoir qui ronge ces familles, ces personnes qui ont subi des violences, des traumatismes et qui, en plus de devoir attendre désespérément une réponse à leur demande d’asile, ont un besoin urgent de recevoir une assistance et sont obligées de vivre dans des conditions insalubres:

« Dans ce terrible moment, pendant la traversée, nous n’aurions jamais imaginé finir dans ce camps affreux, aux marges de l’Europe. »

Ces lettres sont un appel à une volonté que les choses se transforment par l’intelligence collective. Parwana est devenue une référente avérée et une prodigieuse correspondante de ce monde que l’on veut nous faire oublier. Comme tous ces individus, ces hommes et ces femmes, qui sont des transformateurs de leur propre quotidien, savent parler mieux que personne d’autre des difficultés auxquelles iElles sont confrontées et comment y faire face et ne pas y perdre son identité sociale et son existence culturelle.

Elle a aussi publié deux autres livres : « L’olivier et la vieille femme »,  « Ma plume ne se cassera pas mais les frontières le feront ». Elle a animé et propulsé de nombreuses manifestations pour le droit à l’alimentation, pour le droit à l’éducation,..

Une voix insurgée face à ce racisme systémique à part entière, qui n’est pas seulement une manifestation de la colonialité du pouvoir, mais largement perceptible et omniprésent dans leur vie quotidienne.

Une voix contre les institutions de ces pays qui se considèrent comme développés.

Une voix porteuse de vérités et transformatrice pour les victimes de ce système capitaliste et frontalier, mais aussi de cette société dans son ensemble.

Un appel à surmonter cette étroitesse d’esprit et ces croyances déformées, issues des structures hiérarchiques et de ces états-nations, de ces machines à mensonges, dont les plus vulnérables en payent le prix. Parwana est un exemple à suivre pour les résistances à venir. On ne peut pas penser la résistance, l’émancipation, que ce soit en contexte colonial ou de colonialité sans aller voir ce que ces femmes et ces hommes qui sont confrontées à des violences quotidiennes ont à dire et ce qu’elles font et ont fait à un moment donné dans leur vie.

De ces discours de soi disante « démocratie », de soi disante « liberté » de cette modernité capitaliste, les lettres de Parwana Amiri sont un appel manifeste à sortir de ce paradigme patriarco-colonial et de la violence de ce régime « démocratique ».

Ces lettres donnent la parole à celles et ceux qui affrontent ces violences des camps et des frontières au quotidien et parlent de ce vrai visage de l’occident.

Ces lettres qui nous montrent qu’il est possible de défier ce paradigme qui pousse à considérer qu’il y a pas d’autres perspectives, qu’il n’y a pas d’autres manières de voir les choses lorsque nous sommes dominéEs.

The original interview in English is found at the end of the article (without any modification and respect for the comments of the author and her words)

LK: Salut Parwana, tu as enfin pu arriver en Allemagne depuis le mois d’avril, comment ça se passe depuis ton arrivée?

PA: Depuis le jour où nous avons passé la première inscription, nous avons été transférés d’un endroit à un autre. Il n’est pas difficile d’être transféré d’un endroit à un autre lorsqu’ils le font eux-mêmes. Mais c’est dur, alors que vous avez récupéré toutes vos affaires aux marges de l’Europe dans quelques valises. Je me sentais dans la deuxième classe de vulnérabilité, quand j’ai fait face à la priorisation des réfugiés d’Ukraine.

Je vais à l’école, mais ce n’est pas plus élevé ni même le même niveau qu’en Afghanistan, parce que le système afghan est mis en avant comme étant inférieur ou pas le même. D’un autre côté, quand je vois un système d’intégration amélioré dans la société allemande, je demande s’il serait possible d’avoir la même chose en Grèce, de sorte que nous n’aurions pas été pousséEs à aller d’un endroit à un autre. Même si nous sommes venuEs légalement, toutes mes pensées vont à celles et ceux qui franchissent les frontières aux marges de l’Europe. J’essaie d’étudier, d’analyser et de trouver des contacts pour m’opposer au système centralisé. Je sais que notre arrivée de la marge du système de l’Europe est entièrement contrôlée, le nombre de celles et ceux qui sont acceptéEs ou rejetéEs, le nombre de celleux et ceux qui peuvent passer les frontières et les franchir. Ce que j’ai trouvé complètement injuste, c’est la LOI DUBLIN. Cette action criminelle, violente et systémique se produit en secret. La nuit où votre voisinE risque d’être évacuéE et d’être envoyéE dans le pays qui a transmis ses empreintes digitales, vous ne le saurez pas. Je préférerais l’appeler « déportation systémique centralisée ».

LK: S’intéresser aux personnes qui vivent la migration et ses violences, leur donner la possibilité de parler et dire « je », leur laisser dire ce qu’Elles ont vécu, tout ce qu’Elles ont laissé, les violences auxquelles elles ont échappé, à la mort…c’est ce que tu as fait, c’est une façon que tu as choisi pour leur rendre une dignité ? Est-ce que ce sont ces traumatisme qui t’ont fait gagner en lucidité, après avoir vécu des choses dont tu ne t’attendais pas du tout ?

PA: Ce qui nous fait marcher, vivre et passer toutes sortes d’ennuis, c’est « l’espoir ». J’avais passé la frontière pour réaliser mes rêves et quand cela ne s’est pas produit, j’ai décidé de changer le miroir de plusieurs façons. D’eux nous représentant, parlant de nous-mêmes, je ne voulais pas répéter les mêmes erreurs commises par mon temps et avant moi, le « système centralisé », même si je ne savais rien de ce système, mais j’avais construit un changement en faisant des réflexions sur moi-même et commencé à écrire en suivant ces objectifs. Le traumatisme m’a rendu plus résiliente. Je voudrais ajouter encore une fois, je n’aurais jamais atteint tout ce que j’ai dans la vie sans le soutien de personnes solidaires, qui m’ont montré l’importance de parler des conditions par l’écriture.

« Pendant longtemps, j’ai réfléchi et changé les pronoms personnels utilisés dans les histoires, relisant l’histoire à nouveau. Je me sentais enfin mieux en utilisant le « je » et donner la voix et les mots aux héros des histoires vraies était important pour moi, en tant qu’auteure. Une auteure…. Une personne qui possède une arme et peut l’utiliser pour un avantage unilatéral ou les deux. Le mot dignité, en tant que droit, a été lu par de nombreux lecteurs-rices pour la première fois. Au moins comme une demande d’une réfugiée anonyme. »

LK: Comme on peut le lire dans tes lettres, ces personnes ont juste quitté l’enfer, ce n’est pas un voyage d’agrément comme beaucoup le pensent. Tu étais très attaché au fait que toutes ces voix ne soient pas entendues, et est ce que c’est cela qui t’a poussé à écrire?

Quelle est l’importance pour toi de retranscrire les témoignages de personnes en migration ?

PA: Lors de ma première action d’activisme stricte, respirer dans ce système devenait difficile pour moi. Plus je prenais conscience des faits et la vie dans ce système répressif, plus je souffrais. L’auto-éducation sur ce système m’a aidé à bien des égards, mais a également accru le traumatisme dont je souffrais au début de mon arrivée en Allemagne. J’ai demandé à plusieurs reprises à des chercheurs qui m’ont tendu la main, à des personnes solidaires et… s’ils avaient déjà affronté le même combat que je menais auparavant. La réponse concernant le sexe a été « Non ». J’étais la première personne, en tant que fille, musulmane, dans un camp et scénarisant la condition, mais je savais que j’étais la pointe d’un iceberg. Plus de vie pour moi dans un temps lointain ou proche devait apparaître ou rejoindre le mouvement. Mais ce mouvement n’était pas seulement avec la manifestation, mais aussi avec la résilience qu’ils montraient contre le système qui essayait d’abolir leurs vies, leurs rêves et leur avenir. Je voulais témoigner de la vie pour celles et ceux qui viendraient après moi. Il n’a pas été écrit comme un récit unique, mais comme la preuve de différentes personnes. Je ne voulais pas que plus de personnes se lèvent pour un changement, face au manque d’informations sur la chronologie, d’avant à où iElles se situeront. Je suis heureuse de savoir que « je » écrivais la condition de vie en tant que fille, non pas que je suis un porte-drapeau, mais pour faire une analyse plus approfondie et une connexion avec mes sentiments.

LK: Tu nous parles de ton étonnement à devoir participer à des manifestations pour réclamer ton droit inviolable à l’éducation, en arrivant en Europe, en plus de cette mise à l’écart et de ce regroupement forcé dans les camps de Moria et Ritsona, alors que tu avais déjà vécu l’expérience de cette perte de l’accès à l’éducation après l’arrivée au pouvoir des talibans en Afghanistan. En découvrant ce monde « exemplaire » que nous appelons l’Europe, as tu perçu une différence entre ces deux mondes, ou as tu été confrontée à des difficultés similaires?

PA: La principale différence peut être l’anonymat, en Europe il n’a pas été révélé que nous n’allions pas à l’école, à propos de l’Afghanistan c’était le cas. En Europe il fallait sensibiliser, à la fois réagir et se dresser contre cette exclusion, demander la solidarité et l’appel public. C’était et c’est toujours un gros scandale, la question n’a jamais été compromise et partagée au niveau de l’État, car la façon de la représenter était importante pour les médias, cela a fait savoir que nous avons vraiment moins de place dans les médias publics.

LK: En tant que personnes vulnérables, sans protection, en danger,… tu dénonces ce système qui ne les protège pas, mais les punit. Tu as été tellement déçu de découvrir ce que signifient ces « valeurs » Européennes, qui enferment des personnes vulnérables dans des camps-prisons, et où les seules personnes à proposer un avenir, un passage et une évacuation sûre vers d’autres pays européens sont des passeurs. C’est ce que l’on retrouve constamment dans tes témoignages où tu dis : « Est-ce un crime de dire non à l’injustice ? De demander des droits humains de base ? De combattre pour une vie meilleure ? De questionner ce que vous nommez démocratie ? » Est-ce que tes revendications ont été facilement suivies par les autres personnes des camps où tu as été ou bien cela a-t-il été difficile ?

PA: Je n’ai pas été déçue de ce que nous avons dû affronter dans notre vie, des difficultés que nous avons traversées, mais plutôt de l’EUROPE qui n’a pas pu former un système équitable. Le théâtre fait par l’État contre la traite des êtres humains était et est ce qu’ils ont agi et revendiqué: « anti-guerre », en produisant des armes. Le fait d’avoir des frontières et des mécanismes de contrôle aux frontières restreints a accru les opportunités pour les trafiquants d’êtres humains. Il y a toujours un moyen pour celles et ceux qui peuvent physiquement ou financièrement acheter le « passage », et cela ne finira jamais. Celles et ceux qui peuvent passer les frontières trouveront toujours un moyen de passer et les autres seront laisséEs pour compte, donc les arrivantEs ne sont pas totalement vulnérables, car les principaux sont laissés derrière les fils où ils ne pouvaient pas passer. La seule solution est un « passeport mondial ». Cela doit être accepté et ensuite on en parlera. Je ne peux pas pousser les pensées, mais je peux les guider pour trouver le chemin de la vérité. Ce devrait être un état d’esprit, c’est la vie dans les décennies à venir contre les camps et les frontières qui ramène les pensées d’il y a cent ans. Nous souffrions toustEs du même système, seulEs celles et ceux qui étaient plus conscientEs, agissaient ou participaient au changement, mais les autres ne l’étaient pas, ce qui les encourageait était le résultat, quand iElles ont pris conscience que notre action avait gagné et que nous avions réussi. Dans une prison, même la personne la plus libre est en prison, il ne s’agit pas des possibilités que j’avais, afin de communiquer avec les personnes hors du camp, mais plus en rapport au système et à la construction du système.

LK: Tu parles aussi des divisions dans les camps entre les différents ethnies, communautés, comme une arme utilisée pour diviser et empêcher vos revendications d’aboutir … Comment as tu fait pour sensibiliser et motiver ces personnes souvent affaiblies physiquement et psychiquement, qui survivent dans des conditions médicales et psychologiques très précaires, le plus souvent dans le besoin de recevoir une assistance d’urgence que d’être enfermées ? Tu emploies les expressions : « Devenir refouléE » et « ne pas devenir colonisé dans un système colonial », peux-tu en parler ?

PA: Nous apprenions de cette comparaison et menions notre vie sur le même chemin.

« L’ensemble du système des pays peut être trouvé dans les structures familiales de ce pays. » – Parwana.

Le système de ségrégation dans le camp, a brisé notre communication et notre pleine conscience sur le traitement de l’état pour chaque communauté. Ce qui m’inquiétait, c’était que nous devions continuer à communiquer pendant le temps où nous voulions avoir une lutte commune et défendre un problème commun, même si nous avions des obstacles à la communication avec la langue et le manque de traducteurs. Si ce moment était, cette fois, j’aurais peut-être écrit « devenir colonisé dans un système colonial ». ce qui revient presque à dire « Vous n’êtes pas hors de la vie dans un système capitaliste, si vous voulez survivre ». Je n’écrivais pas en tant que chercheuse ou autrice universitaire, mais j’apprenais à trouver les meilleures façons de refléter le système. Je ne crois pas que ce n’était pas seulement la condition psychologique ou physique qui les affaiblissait, mais plus elles devenaient restreintes et plus nous nous retrouvions sous la répression, cela renforçait la vulnérabilité.

LK: Quand Il s’agit pour les révolutionnaires du monde entier de rompre avec la mentalité coloniale engendrée par le nationalisme caractéristique de ces État-nation, qu’en occident et dans les pays du nord, le capitalisme est parvenu à tuer l’esprit humain, tu dis que les changements doivent venir des personnes en migration, et qui sont en première ligne. Dans cette recherche permanente de dialogue, de pédagogie, d’émancipation, dont tu fais preuve, n’est elle pas pour toi la recherche d’un espoir et d’imagination, de lutte contre ce fatalisme ? quelles sont les solutions pour toi ?

PA: Si le patriarcat est le reflet du capitalisme, alors le féminisme est le reflet de la lutte contre ce système. Le changement doit commencer par le système migratoire, s’il s’agit de justice ou de liberté. Parce que ces personnes sont les minorités les plus vulnérables. Car le combat qu’Elle mènent est le plus fort, pas pour le résultat de propositions que nous apportons avec nous-mêmes ou si nous nous tenons en première ligne mais n’avons pas le micro à la main. Je dirais à tous-tEs celles et ceux qui m’écoutent et attendent une solution de ma part, que la solution c’est « vous », mais nous agirons pour arriver au résultat.

LK: Les voyages des réfugiés ne sont jamais sans risques, sans dangers et sans difficultés. Mais chaque réfugié qui entreprend son voyage vit des expériences horribles, traumatisantes, et des moments insupportables qu’iElles ne peuvent oublier. Et dans ces moments terribles que tu as traversé, tu ne pouvais jamais imaginer que tu te retrouverais dans ces camps épouvantables, aux marges de l’Europe. Quel a été le pire moment de ton parcours ?

PA: La dernière fois que nous avions prévu de venir en Grèce, en passant par la mer, au milieu du chemin alors que l’eau arrivait à notre canot pneumatique, vous pouvez lire l’histoire complète ; Dans une sombre nuit effrayante

Alors que la lune souriait

Au milieu de la mer

Nous étions en détresse

Ma mère pleurait

Peur pour nous tous

Dans cette mer agitée en colère

Nous étions en détresse

LK: Perdre son foyer, la familiarité de sa vie quotidienne, sa profession, c’est-à-dire l’assurance d’être d’une quelconque utilité en ce monde, sa langue maternelle, toutes les réactions naturelles, les gestes les plus simples et l’expression spontanée de ses sentiments, perdre son identité sociale et sa culture… Quelles sont les plus grandes pertes qu’entraînent pour toi le fait de devoir s’exiler pour sauver son corps?

PA: Si c’est une question personnelle, je pense que c’est juste mon identité quand on n’a pas de papiers à montrer, pas de passeports pour voyager, mais comme les exilés perdent leur identité, l’état de ces pays perd sa dignité. C’est un grand sentiment d’exclusion de n’avoir aucune identité, même si c’est pour un jour. Mais cette identité que nous ne perdons jamais, nous portons toujours des noms et des nationalités, ce qui ne devrait pas être une étiquette ou un symbole.

LK: C’est Paulo Freire qui disait : 

« Lorsqu’ils restent « immergés » et ne réussissent pas à analyser le système d’oppression, les opprimé.es agressent leurs propres camarades opprimé·es. Ils restent fascinés par l’oppresseur, ils veulent lui ressembler et donc ils l’imitent. Ils n’ont pas confiance dans leur capacité propre d’analyse critique. »

Et tu cites dans ton livre : 

« Quand commencerons nous à nous comprendre plutôt que de nous blâmer les uns les autres pour ce dont nous sommes les victimes ? ».

Ton travail de conscientisation, de politisation de soi, dont tu fais preuve par rapport à ton propre vécu, cette lucidité que tu as après ces traumatismes et surtout à ton âge, après avoir vécu des choses dont tu ne t’attendait pas, où après coup, la terre, à tes yeux ne semblait plus tout à fait ronde… comment toutes ces choses, ces violences, ont elle provoqué ces transformations dans ta vie ?

PA: C’était bien de connaître le même point de vue, j’adorerais lire ce livre. Je suis devenue plus mature, concentrée sur la condition et le comportement des gens, les communautés, les différentes ethnies, les groupes, le système des camps et… même la façon dont les femmes étaient les unes contre les autres, imitant les patriarcats ou faisant du théâtre. Je me critiquais tous les jours, je comptais moins sur mon succès et c’était à ce moment-là que je me sentais toujours brisée et échouée. Alex faisait partie de ceux qui ont toujours voulu me rencontrer dans le camp et parler des changements ou m’aider dans mes écrits, il a toujours voulu connaître les raisons pour lesquelles j’avais ce sentiment d’échec, « J’ai changé beaucoup de choses, si pas de manière systémique mais dans les communautés, si ce n’est l’abolition des murs, mais la perspective de l’éthique sur l’activisme d’une fille réfugiée et la et sur les communautés locales, mais pense toujours que je n’ai rien obtenu si cela ne va pas être durable et tout sera aboli après mon départ du camp, mais j’essaierai de couvrir mon activisme en documentant mes luttes et de porter le fait à celles et ceux après moi, s’il y en a. Je pense parfois que cette leçon devrait aller à tous-tEs, celles et ceux qui veulent faire du théâtre contre les aléas de la vie, les ennuis et les défis, ceux qui veulent retrouver résistance et énergie, à tous-tEs. A tous-tEs, mais surtout aux filles.

LK: Quand on voit ce qu’il se passe dans les camps que finance l’Europe, on a vraiment l’impression qu’aux yeux de ces institutions, un réfugié reste une réfugié, c’est-à-dire pas tout à fait un être humain, mais plutôt considéré comme un criminel qu’on emprisonne, coupable d’avoir fui les guerres impérialistes, donnant plus l’image de camps de dissuasion que de camps humanitaires… sa dignité, son intégrité, et même sa vie ne pèseront jamais grand-chose aux yeux de ces institutions européennes. Cette position que tu occupes est une position unique, voire inhabituelle, atypique, inattendue, sur la frontière, dans des camps de réfugiés, cette position que tu refuses de porter, et d’accepter … toutes ces transformations, ces ruptures, ces douleurs qui ne sont pas seulement liées à ce que vous êtes, à vos compétences ou à vos incompétences, mais profondément inscrites dans un ordre qui te dépasse, des formes structurelles qui sont difficiles à accepter, c’est quelque part une quête de puissance et d’émancipation juste, une lutte permanente contre ce fatalisme… On voit que tu questionnes sans cesse ton entourage, c’est en fin de compte se demander si ce qu’iElle ont vécu ou sont en train de vivre est finalement acceptable ?

PA: C’est exactement ce dont vous avez besoin de parler et de le faire comprendre! Si la persécution n’est pas un cas acceptable pour devenir demandeur d’asile et non migrant dans certains Etats membres de l’Union européenne, et l’est pour d’autres, alors à quoi sert cette étiquette ? Même le droit des réfugiés est spécifié dans le temps qu’ils sont sous la procédure. Apatride, signifie qu’il n’y a aucun sens à être compté comme un être humain.

LK: J’avais aussi envie de te poser une énième question, désolé… car c’est une question que je me pose moi-même souvent dans ce monde « libre » où la domination est constamment reproduite, assimilée, intériorisée, et qui, finalement arrange bien les privilégiées de cette forteresse, y compris dans les milieux soi disant de « gauche », où comme le dit lui même Abdullah Öcalan, « la loi a remplacé la morale » : n’as-tu pas, en fin de compte, l’impression que le droit à l’autodéfense, le droit à l’expression sont interdite et fortement réprimés, alors que nous devrions chercher à recentrer notre attention sur les voix et les expériences des plus opprimés ? Et en écoutant ce que ces personnes opprimées ont à dire, ne crois tu pas aussi que nous trouverions plus facilement des solutions à nos problèmes sociaux ?

PA: Je crois que oui, mais bien sûr les problèmes sociaux font aussi partie de la même domination. Le principal défi pour les plus réprimés, pour nous les « minorités », est que nous devons apprendre à sortir de l’impérialisme dans lequel nous vivons et à résoudre nos problèmes en tant que partie intégrante de la société. Nous ne devons pas l’apprendre de nous-mêmes et non par nous-mêmes. Donc je suis d’accord. Dans ma dernière période d’activisme en Grèce, faisant partie d’actions locales, j’ai remarqué à quel point nous pouvions avancer ensemble. Se dresser contre les règles et les lois, ce qui affectait à la fois la partie de la société «réfugiés et locaux», mais le système de ségrégation était contre nos actions, un de leurs plans pour réprimer notre lutte et éviter les bruits plus forts qui pourraient sortir et mettre en lumière les scandales de l’État.

Ses «LETTRES AU MONDE DE LA MORIA» sont publiées dans un blog: Infomobile et sur ce Blog et voice of refugees.

Pour commander « Vies suspendues… » vous pouvez visiter ce lien.

Pour commander « L’olivier et la vieille femme » vous pouvez visiter ce lien.

Pour vous tenir au courant de son travail, vous pouvez suivre Parwana sur Instagram ou son compte twitter

La pédagogie des opprimés, de Paulo Freire, fiche de lecture avec enquête critique.

Un grand remerciement à Bertrand Cayzac pour ses relectures et la traduction du livre « Vies suspendues.. » de l’anglais vers la langue française.
 

Le KIOSK relaye la parole de celles et ceux qui sont empêchéEs de témoigner et qui affrontent et ont directement affronté le régime frontalier européen, colonial et raciste. Pour contrer le discours des puissants qui vient du centre de cet Empire et éviter ainsi de reproduire ces discours coloniaux. Mais aussi, et surtout, leur donner la parole, c’est éviter que ce soit toujours les militantEs blanc(hE)s qui parlent des migrantEs, et éviter une fois de plus de reproduire ces rapports coloniaux. La plupart, si ce n’est la totalité des privilégiéEs de la forteresse, ignorent que leur culture, leur mode de vie, leur façon de penser,… est directement issue de cette histoire coloniale. Le météorite, ou l’apocalypse est arrivée sur terre il y a déjà plus de 500 ans, celles et ceux qui ignoraient ce que signifiait la notion de propriété privée, la domination,.. qui ont rencontré les peuples d’Europe se sont déjà poséEs la question comment iElles allaient y survivre, et iElles se la posent encore aujourd’hui. Retour ligne automatique

On ne peut pas combattre le colonialisme avec des esprits colonisés.

Une lutte anticapitaliste sans une lutte anticoloniale, c’est insuffisant.

 

LE KIOSK est membre d’Abolish Frontex et de l’Alliance de solidarité avec les réfugiéEs en libye. Retour ligne automatique
Nous sommes une alliance d’activistes individuels et de groupes basés en Europe, travaillant en étroite collaboration avec les membres du mouvement de protestation auto-organisé « Réfugiés en Libye » (RiL) qui s’est formé en réponse aux raids brutaux et à la détention arbitraire de plus de 5000 réfugiéEs, qui vivaient à Gargaresh, un quartier de Tripoli, en Libye, le 1er octobre 2021. Ils ont manifesté pendant plus de 100 jours devant le centre de jour communautaire (CDC) du HCR à Tripoli jusqu’à ce que leur camp soit incendié par les forces de sécurité le 10 janvier 2022. Environ 600 manifestants ont été emmenés au centre de détention notoire d’Ain Zara et plus de 300 y sont toujours détenus en août 2022. Cependant, certains des RiL se cachent et risquent leur vie en poursuivant la manifestation via Twitter et en fournissant des soutien aux réfugiés de toute la ville qui ne peuvent pas s’aider eux-mêmes.

Nous travaillons à pousser l’UE à #EvacuateRefugeesFromLibya et à amplifier les voix de RiL, qui exigent :

• Évacuations vers des terres sûres où nos droits seront protégéEs et respectéEs.Retour ligne automatique
• Justice et égalité entre réfugiéEs et demandeurs-sEs d’asile enregistrés auprès du HCR en Libye.Retour ligne automatique
• L’abolition du financement des garde-côtes libyens qui ont constamment et de force intercepté des réfugiés fuyant l’enfer libyen et les ont amenés en Libye où toutes les atrocités s’abattent sur eux.Retour ligne automatique
• La fermeture de tous les centres de détention à travers la Libye, qui sont entièrement financés par les autorités italiennes et de l’Union européenne.Retour ligne automatique
• Les autorités devraient traduire en justice les auteurs qui ont tiré et tué nos frères et sœurs à l’intérieur et à l’extérieur des centres de détention.Retour ligne automatique
• Que les autorités libyennes cessent de détenir arbitrairement des personnes relevant de la compétence du bureau du HCR.Retour ligne automatique
• Appeler la Libye à signer et ratifier la constitution de la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés.

Aidez-nous à trouver des militants/organisations des droits humains dignes de confiance opérant dans le sud de la Libye. Retour ligne automatique
Vous pouvez aider à collecter des dons pour les nécessités de base et le traitement médical des survivants de la traite des êtres humains. Retour ligne automatique
Vous pouvez utiliser/partager la collecte de fonds de RiL. Notez que le solde indique le montant total des dons recueillis depuis que la collecte de fonds a été créée (décembre 2021), mais les fonds sont depuis longtemps épuisés pour l’assistance vitale aux victimes de la torture.Retour ligne automatique
Vous pouvez rejoindre l’Alliance de Solidarity With the Refugees in Libya, Retour ligne automatique
Vous pouvez vous inscrire à notre liste de diffusion en envoyant un courriel à : libya_evacuation_support-subscribe@lists.riseup.net Retour ligne automatique
Vous pouvez visiter le site internet des réfugiéEs de Libye et lire leur Appel, site auto créé par les RiL, depuis octobre 2021, alors qu’iElles vivent dans l’un des pire endroits dans le monde, digne des camps de concentration, financés par l’Europe. IElles tentent de faire entendre leur voix et manifestent depuis maintenant un an pour obtenir une évacuation de cet enfer des camps. Suivez Ben london, Hassan Zakaria, Yambio David entre autres.. et amplifiez leur voix.Retour ligne automatique
Depuis la mort du jeune Alan Kurdi, il y a 7 ans, sur les rives de l’Europe, rien de structurel n’a été construit, mais bien pire que ça, la mort de milliers de personnes en déplacement dans la Méditerranée est devenue un moyen politique de dissuasion de l’UE, au prix de laisser la Méditerranée et la mer Egée devenir des cimetières de masse. Il est plus que jamais tragique de rappeler que plus de la moitié, c’est à dire 52% des morts de personnes en mouvements dans le monde se produisent en Méditerranée. Au lieu d’aider ces personnes, leur mort est le prix que l’Europe est prête à payer pour continuer à construire sa forteresse, un sujet qui nous amènera à parler de l’externalisation en Afrique de l’Ouest et d’autres contextes qui relèvent de la compétence extraterritoriale du régime des frontières de l’UE, mais c’est encore un autre sujet qui méritera d’en discuter ultérieurement.Retour ligne automatique
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Pour plus d’infos sur des appels à des actions dans toute l’EUROPE le 15 octobre 2022, voir ici, parce que peu de médias transmettent leur appel et leur lutte, et nous ne pouvons pas nous permettre de les laisser seulEs face à cette barbarie néo-coloniale.

Contact LE KIOSK : infolekiosk@riseup.net ou TwitterRetour ligne automatique
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Colonialism is war, Arm your spirit.

 


Parwana Amiri: a counter discourse to the ‘free’ world, a voice and a hope in the struggle against borders. « I want the world to hear my voice, hear my words » 

Sixteen-year-old Parwana Amiri arrives on the Greek island of Lesbos with her family in 2019. After fleeing years of war in Afghanistan, after transiting through Iran and Turkey, hoping to find a safe haven, and after crossing many borders, they find themselves again facing the borders of Fortress Europe. Forced to live from her arrival in Lesbsos, in the sadly famous refugee camp of Moria (which burned down on September 9, 2020), then that of Ritsona until April 2022, Parwana Amiri launched a journal, where she questions and relates the experiences and lives of those around him. She is outraged by the unbearable living conditions, she wants to tell the stories that these people have lived, and she supports them with her writing skills. She published in January 2022 « Suspended lives: Letters addressed to the world from the Ritsona camp ».

The letters of this young militant woman are much more than a testimony, she shows, she understands and she explains better than anyone else the despair that eats away at these families, these people who have suffered violence, trauma and who, in more than having to wait desperately for a response to their asylum request, are in urgent need of assistance: « In this terrible moment, during the crossing, we never imagined that we would end up in this dreadful camp, on the margins of the Europe. These letters are a call to a desire for things to be transformed by collective intelligence. Parwana has become a proven referent and a prodigious correspondent of this world that they want us to forget. Like all these individuals, these men and women, who are transformers of their own daily lives, know how to speak better than anyone else about the difficulties they face and how to deal with them and not lose their social identity and their existence. cultural. She has also published two other books: « The Olive Tree and the Old Woman », « My Pen Won’t Break But Borders Will ».

She has animated and propelled numerous demonstrations for the right to food, for the right to education,… An insurgent voice in the face of this systemic racism in its own right, which is not only a manifestation of the coloniality of the power, but widely perceptible and pervasive in their daily lives.

A voice against the institutions of those countries that consider themselves developed. A voice that carries truths and transforms for the victims of this capitalist and border system, but also of this society as a whole.

A call to overcome this narrow-mindedness and these distorted beliefs, stemming from hierarchical structures and these nation-states, these lying machines, for which the most vulnerable pay the price. Parwana is an example to follow for the resistances to come. We cannot think of resistance, emancipation, whether in a colonial or colonial context, without going to see what these women and men who are confronted with daily violence have to say and what they do at a given moment given in their life. From these speeches of so called « democracy », of so called « freedom » of this capitalist modernity, the letters of Parwana Amiri are a clear call to leave this patriarchal-colonial paradigm and the violence of this « democratic » regime.

These letters give voice to those who face this violence of the camps and the borders and speak of this true face of the West.

These letters which show us that it is possible to challenge this paradigm which pushes us to consider that there are no other perspectives, that there are no other ways of seeing things when we are dominated. 

LK: Hi Parwana, you were finally able to arrive in Germany since April, how have you been since your arrival? 

PA: From the day we passed the first  registration, we have been getting transferred from one place to another. It is not hard to get transferred from one place to another when they do it themselves. But it is hard, while you have plucked all your from the margins of Europe to some suitcases. 

I felt being in the second class of vulnerability, when I faced the prioritization of refugees from Ukraine. I go to school, but it is not higher or even the same level as in Afghanistan, because the system is highlighted as being lower or not the same. 

On the other hand, when I see an improved system of integration in German society, I ask if the same could be possible to have in Greece, so we would have not been pushed to go from one place or another. Even though we have come legally, still all my thoughts are with those who pass borders in the margins of Europe. 

I am trying to study, analyze and find contact to stand against the centralized system. I know that our arrival from the margin of Europe to the system is all controlled, the number of those getting accepted or being rejected, the number of those who can pass the borders and enter to the center. What I found completely unfair is DUNLIN LAW. This criminal, violanct, systemic action is happening secretly. The night that your neighbor may get evacuated and be sent to the country that passed their fingerprints, you will not know.

I would rather call it, ‘’ Central Systemic Deportation.” 

LK: Take an interest in people who experience migration and its violence, give them the opportunity to speak and say « I », let them say what they have been through, all that they have left behind, the violence to which they have escaped, death…that’s what you did, that’s a way you chose to give them back some dignity? Is it this trauma that made you gain clarity, after experiencing things you never expected? 

PA: What makes us walk, live and pass all kinds of troubles is “Hope”. I had passed the border to fulfill my dreams and when it didn’t happen, I decided to change the mirror in many ways. 

From them representing us, talking about ourselves, so I didn’t want to repeat the same mistakes made by my time and before me, “central system”, though I knew nothing about this system, but had formed some change making thoughts on myself and started writing following those aims. The trauma just made me more resilient. I would like to add again, I would have never reached all that I have in life without the support of solidarity people, who showed me the importance of talking about conditions through writing. 

For a long time I was thinking and changing the personal pronouns used in the stories, reading the story over again. I finally felt better by using “I” and to give  the voice and words to heroes of the real stories was important for me, as an author. An author…. A person who has a weapon and can use it either for a one sided benefit or both. 

The word dignity, as a right, was read by many readers for the first time. At least as a demand from an anonymous refugee girl. 

LK: As we can read in your letters, these people have just left hell, it is not a pleasure trip as many think. You were very attached to the fact that all these voices were not heard, and is that what pushed you to write? What is the importance for you of transcribing the testimonies of people in migration? 

PA: During my first, tight activism action, breathing under the system was becoming hard for me. The more I was getting aware of the fact behind the life in that repressive system, the more I was suffering. Self education about this system helped me in many ways, but also increased the trauma I was suffering from in the beginning of my arrival in Germany. I asked several times from researchers reaching out to me, from solidarity people and ….if they have faced the same struggle I was leading, before. The answer regarding gender was “No”. I was the first person, who was a girl, muslim, in a camp and scripting the condition, but I knew that I was the tip of an iceberg. More life for me in far or soon time was to appear or to join the movement. But this movement was not only with demonstration, but also with resilience they were showing against the system that was trying to abolish their lives, dreams and future. I wanted to make evidence of the life before those who would come after me. It was not written as a single narrative, but evidence of different people. I did not want more people who would stand for change, face the lack of infos about the timeline, from before to where they will stand. 

I am pleased to know, “I” was scripting the life condition as a girl, not that I am a flag holder, but to make deeper analysis and concern connection with my feelings as well.

LK: You tell us about your astonishment at having to participate in demonstrations to claim your inviolable right to education, when you arrive in Europe, in addition to this exclusion and this forced regrouping in the camps of Moria and Ritsona , when you had already experienced this loss of access to education after the Taliban came to power in Afghanistan. When discovering this « exemplary » world we call Europe, did you perceive a difference between these two worlds, or did you face similar difficulties? 

PA: The main difference can be anonymity, in Europe it was not revealed that we were not going to school, about Afghanistan it was. In Europe we had to raise awareness, at the same time react and stand against this exclusion, ask for solidarity and public call. It was and is still a big scandal, the issue has never been compromised and shared at a state level, because the way to represent it was important for the media, this made it known we really have less space in public media. 

LK: As vulnerable people, without protection, in danger,… you denounce this system which does not protect the most vulnerable, but punishes them, you were so disappointed to find out what these European « values » mean, which lock up vulnerable people in prison camps, and where the only people to offer a future, passage and safe evacuation to other European countries are smugglers. This is what we find constantly in your testimonies where you say: « Is it a crime to say no to injustice? To ask for basic human rights? To fight for a better life? To question what you call democracy? » Were your demands easily followed by the other people in the camps where you were or was it difficult? 

PA: I was not disappointed for what we had to face in our life, the difficulties we went through, but the EUROPE who could not have formed a fair system. 

The theater done by state against human trafficking was and is what they have been acting and claiming”anti war”, by producing weapon. Having borders, restricted border control mechanisms has increased the opportunity for human traffickers. There is always a way for those who can physically or financially buy the passage, and this will never end. Those who can pass the borders, will always find a way to pass and the rest will be left behind, so the arrivals are not vulnerable fully, cause the main ones are left behind the wires where they could not pass. 

The only solution is a “global passport”. This needs to be accepted and then will be talked about. I can not push thoughts, but can guide them to find the way to the truth. 

It should be a state of mind or an armoni, this is the life in decades ahead against the camps and borders which brings the thoughts of a hundred years ago’s thoughts. 

We were all suffering from the same system, just those who were more aware, were acting or were taking part for change, but the rest were not, what encouraged them was the result. When they were getting aware that our action won and we succeeded.  In a prison, even the most free person is in prison, it is not about the possibilities that I had, in order to communicate with people out of the camp, but more relevant the system and construction of the system. 

LK: You also talk about the divisions in the camps between the different ethnic groups, communities, as a weapon used to divide and prevent your claims from succeeding… How did you manage to raise awareness and motivate these people, who are often physically and psychologically weakened, who survive in very precarious medical and psychological conditions, more often in need of emergency assistance than of being locked up? You use the expressions: « Becoming repressed » and « not becoming colonized in a colonial system », can you talk about that? 

PA: We were learning from that comparison and leading our life the same path. “The whole system of s countries can be found in the family structures of that country.” Parwana. 

The segregation system in the camp, broke our communication and our full awareness about the treatment of the state for each community. What I was concerned about was that we needed to keep communicating for the time we wanted to have a common struggle, and stand for a common problem, though we had communication obstacles with the language and lack of translators. 

If that time would be, this time, I may have written “becoming colonized in a colonial system.” which is almost to say “You are not out of life in a capitalistic system, if you want to survive.” 

I was not writing as a researcher or an academic author, but was learning to find out the best ways to reflect the system. 

I don’t believe that it was just the psychological or physical condition that was weakening them, but the more restricted they were becoming and the more we’re finding ourselves under repression was strengthening the vulnerability. 

LK: When it comes for revolutionaries around the world to break with the colonial mentality engendered by the nationalism characteristic of these nation-states, that in the West and in the countries of the North, capitalism has managed to kill the spirit human, you say that the changes must come from people in migration, and who are on the front line. In this permanent search for dialogue, for pedagogy, for emancipation, which you demonstrate, is it not for you the search for hope and imagination, for the fight against this fatalism? What are the solutions for you? 

PA: If patriarchy is a reflection of capitalism, then feminism is a refelction of fight against this system. The change should be started from the migration system, if it is about justice or freedom. Because these people are the most vulnerable minorities. For the fight they do is the strongest one, not for the result of proposals we bring with ourselves or if we stand in the front line  but do not have the microphone in our hand. I would say to all those who listen to me and wait for a solution from my side, that the solution is “you”, but we will be acting to achieve the result. 

LK: The journeys of refugees are never without risks, without dangers and without difficulties. But every refugee who sets out on their journey has horrific, traumatic experiences and unbearable moments that they cannot forget. And in these terrible times that you went through, you could never imagine that you would find yourself in these terrible camps, on the margins of Europe. What was the worst moment of your journey? 

PA: The last time we planned to come to Greece, passing the sea, in the middle of the way as water was coming to our rubber dingy, you can read the complete story;

In a dark scary night

As the moon was smiling 

In the middle of the sea

We were in distress

My mother was crying 

Scared for us all 

In that angry rough sea 

We were in distress 

LK: Losing his home, the familiarity of his daily life, his profession, that is to say the assurance of being of any use in this world, his mother tongue, all the natural reactions, the gestures, the simpler and spontaneous expression of one’s feelings, losing one’s social identity and one’s culture… What are the greatest losses for you of having to go into exile to save one’s body? 

PA: If it is a personal question, I think it’s just my identity when we have no documents to show, no passports to travel, but as people in exile lose their identity, the state of those countries lose their dignity. It is a big exclusion feeling to have no identity, even if it is for one day. But this identity we never lose, we always carry out names and nationality, what should not be a label or a symbol. 

LK: It was Paulo Freire who said: « When they remain ‘immersed’ and fail to analyze the system of oppression, the oppressed attack their own oppressed comrades. » They remain fascinated by the oppressor, they want to look like him and therefore they imitate him. They do not have confidence in their own capacity for critical analysis. And you quote in your book: « When will we begin to understand each other rather than blaming each other for what we are the victims of? » « . Your work of raising awareness, of self-politicization, which you demonstrate in relation to your own experience, this lucidity that you have after these traumas and especially at your age, after having experienced things you did not expect, or after Suddenly, the earth, in your eyes, did not seem quite round anymore… How did all these things, this violence, cause these transformations in your life?

PA: It was nice to know about the same perspective, I would love to read this book. 

I have become more mature, focused on the condition and behavior of people, the communities, different ethnicities, groups, the camp system and… even the way females were against each other, imitating patriarchies or acting the theater. I was criticizing myself everyday, was counting my success less and that was the time I was always feeling broken and failed. Alex was one of those who always wanted to meet me in the camp and talk about the changes or help me with my writings, he always wanted to know the reasons I had  this feeling of being a failure, “I have changed many things, if not systemically but in the communities, if not abolition of the walls, but the perspective of ethics about activism of a refugee girl and the and about the local communities, but still think that I have achieved nothing if it is not going to be sustainable and everything will be abolished after I leave the camp, but I will try to cover my activism through documenting my struggles and bring the fact to those after me, if there will be.” 

I sometimes think that this lesson should go to all, those who want to do theater against the odds of life, the troubles and challenges, those who want to regain resistance and energy, to all. To all, but mostly the girls. 

LK: When we see what is happening in the camps financed by Europe, we really have the impression that in the eyes of these institutions, a refugee remains a refugee, that is to say not entirely makes a human being, but rather considered as a criminal who is imprisoned, guilty of having fled the imperialist wars, giving more the image of deterrence camps than of humanitarian camps… his dignity, his integrity, and even his life will never weigh much in the eyes of these European institutions. This position that you occupy is a unique position, even unusual, atypical, unexpected, on the border, in refugee camps, this position that you refuse to carry, and to accept… all these transformations, these ruptures, these pains which are not only linked to what you are, to your skills or your incompetencies, but deeply inscribed in an order that goes beyond you, structural forms that are difficult to accept, it is somewhere a quest for power and just emancipation, a permanent fight against this fatalism… We see that you are constantly questioning those around you, it is ultimately asking whether what they have lived or are going through is finally acceptable? 

PA: That is exactly what you need to talk about and make it clear!

If persecution is not an acceptable case for becoming an asylum seeker and not a migrant in some of the European Union member states, and it is for others, then what is this label for? 

Even the refugees right is specified in the time they are under the procedure. Stateless, means no meaning of being counted as a human.

LK: I also wanted to ask you an umpteenth question, sorry… because it’s a question that I often ask myself in this « free » world where domination is constantly reproduced, assimilated, internalized, and which ultimately suits the privileged members of this fortress, including in so-called « left » circles, where as Abdullah Öcalan himself says, « the law has replaced morality »: don’t you, in the end, have the impression that the right to self-defense, the right to expression are forbidden and strongly repressed, when we should seek to refocus our attention on the voices and experiences of the most oppressed. ? And by listening to what they have to say, don’t you also believe that we would find it easier to find solutions to our social problems? 

PA: I believe that it is, but of course the social problems are also part of the same domination. The main challenge for the most repressed ones, for us ‘’minorities’, is that we need to learn how to come out of the imperialism we live in and to address our problems as part of the society. We are not to learn it from ourselves and not by ourselves. So I agree.

In my last period of activism in Greece, being part of local actions, I noticed how strong we could go ahead together. To stand against rules and laws, which was affecting both part of the society “refugees and locals”,but the segregation system was against our actions. 

One of their plans to repress our struggle and avoid the louder noises that could come out and highlight the scandals of the state.